Il va sans dire qu’avec le surpoids vient le regard des gens dessus. Je parle bien entendu de celui qui dit « elle mange tout ça?! » quand je porte mon plateau dans un fast-food ou le coup d’oeil de haut en bas dans les magasins quand je cherche une taille à l’arrière du portant qui signifie « pas ici, ma grosse! ». Vous les connaissez?
Personnellement, j’ai commencé à prendre du poids assez jeune, ce qui m’a permis de bien me familiariser avec ces sous-entendus salés. Pour contrer cela, j’ai développé un tas de phrases pour maintenir ma fierté tout en mangeant ce que je voulais (ou parfois m’en empêcher*).
Voici donc un récapitulatif de ces meilleures excuses:
- « J’ai mangé avant de venir! »
Pas la plus maligne, je le sais. Qui mange avant d’aller au restaurant ou à une pendaison de crémaillère? Personne. Pourtant, j’ai longtemps grignoté un ou deux bouts de pizza et quelques chips toutes les deux heures afin d’apaiser ma faim et la curiosité des gens lors d’une soirée. Tout cela en marmottant dans ma barbe que je n’avais pas faim.
Pas la plus logique et donc simple à expliquer, elle peut très bien servir en cas d’urgence, quand le quota (auto-décidé) de nourriture ingéré à déjà été atteint (si jamais le gâteau d’anniversaire sort tardivement, par exemple).
Et en plus d’être renouvelable au cours de la soirée, vers minuit, tout le monde sera trop pompette pour réaliser que cela fait trois fois en cinq minutes que vous engouffrez une grosse poignée de bonbons dans votre bouche!
2. « Je n’ai rien mangé de la journée, j’ai une faim de LOUP! » (mais je ne prendrais qu’un plat puis je dirais que j’ai trop mangé.)
Est-ce la vérité? Jamais. Qui peut savoir? Personne.
Bon, elle est difficile à utiliser quand on a passé la journée avec le même groupe de copines mais cela fonctionne si l’on a joué l’ermite pendant au moins trois ou quatre heures (ou plusieurs jours, si vous êtes comme moi).
Bien entendu, après le plat de pâtes que j’aurais insisté à prendre parce que « je meurs de faim », je vais feindre la cuve pleine et ne pas prendre de dessert pour « compenser toutes ces calories ». Et si jamais je me heurtais à l’insistance de mes ami(e)s (ou que je me savais irrésistiblement attirée par un fondant au chocolat), je rajoutais: « Pfffiou, avec tout ça je ne mangerai plus jusqu’à la semaine prochaine! »
(C’est faux, je me goinfrais souvent en rentrant chez moi…)
Drôle et discrète, cette excuse permet de céder à une envie de gras en se faisant passer pour une nana sérieuse. Et bonus: elle peut s’utiliser à tous les repas!
3. « J’ai envie d’une salade mais aucune ne me plaît vraiment… »
Non, Géraldine, on sait que tu as juste envie de te gaver sans te sentir épiée.
Je l’avoue, je me suis très peu servie de cette excuse, parce que même si la justification est valable, deux raisons plus rationnelles se rappelaient à moi:
- les salades sont presque toutes les mêmes partout (notamment la Caesar salade, qu’il est IM-PO-SSIBLE de détester!!!)
- je ne peux pas critiquer un menu que le chef a mis du temps (et un zeste d’amour) à confectionner…
La pertinence n’est donc pas optimale mais elle peut compléter la prochaine excuse sur a liste…
4. « J’hésite entre (un plat « healthy ») et (un plat gras)… »
Celle-ci est la meilleure et celle que j’utilisais le plus souvent. Bon, ok, je l’utilise encore. Un peu. Parfois. Dans les moments où je me sens le plus insécure. Chut, ça arrive à tout le monde!
Il y a plusieurs niveaux à cette excuse:
- deux options contraires qui envoient le message subliminal qu’en temps normal vous auriez choisi l’option la plus saine mais que bon, « pour une fois… »
- La demande de l’opinion de votre copine, qui déresponsabilise quand (dans 95% des cas) elle répondra l’option la plus grasse, pour votre plus grand bonheur!
- La validation (sous-entendue) par cette même copine qu’elle ne vous jugera pas si vous prenez l’option que vous préférez et pas la plus socialement acceptable.
- Et enfin, la possibilité qu’elle-même ait besoin d’un coup de pouce pour vous accompagner dans la malbouffe.
Ma conscience, dans cette situation, était le plus souvent calmée lorsque l’on me répondait par ce que je voulais entendre. Cela n’empêche pas le jugement des gens extérieurs mais en mon for intérieur, je me confortais dans le fait que j’avais AU MOINS fait semblant d’envisager la salade.
5. « Cela fait longtemps que l’on ne s’est pas vu(e)s, j’ai envie de profiter et de me faire plaisir! »
Elle ressemble fortement à la précédente, non? C’est normal, ce sont les mêmes mécanismes qui sont en jeu. La seule différence est que celle-ci est une affirmation et non une question ou une hésitation. Je ne l’utilisais que quand je me sentais audacieuse, presque confiante.
Cette phrase donne un air d’assurance et d’honnêteté que je n’avais tout simplement pas à l’époque. Et même si je la prononce encore parfois, c’est en étant sûre de moi et de ce que je veux manger, au diable les préjugés!
6. Bonus: « Tu prends quoi? »
Cette question, je la pose toujours. Elle paraît anodine et peut être posée par n’importe qui. Mais quand je la pose, j’ai mes raisons: « vont-elles prendre des légumes? L’une d’entre elles va-t-elle commander un burger? Dois-je prendre des frites si personne n’en prend? »
Les interrogations fusent, le doute persiste. Mais cette question innocente permet de régler tout cela en un coup de baguette (magique ou chinoise, comme vous le voulez)!
Avec ça, vous pouvez calquer votre menu sur votre groupe, voire même piquer l’idée de la voisine de table, qui mangerait bien une pizza au reblochon…
Et pour mon plus grand bonheur, ces solutions sont interchangeables ou complémentaires selon les situations. Autant dire que même si une sortie au restaurant me coûtait un plat, trois excuses et un crise d’hyperphagie en rentrant, cela n’était (presque) pas cher payé pour passer un bon moment entre copines.! N’est-ce pas?
Je rigole. Jaune, mais je rigole. Car ces six excuses ne sont pas l’image d’une relation saine avec la nourriture. Si jeune, j’ai développé ces « aides » pour ne pas me priver tout en gardant un visage digne et fier en public. Je me suis longtemps convaincue que si j’avais la validation de la société sur ce que je portais, ce que je mangeais ou la manière donc je me coiffais, je vivrais heureuse. Cela n’a jamais été le cas. Et même si c’est parfois dur de laisser tomber le masque, je me sens beaucoup plus libre et heureuse depuis que je l’ai fait!
*Cet article n’est pas un exemple de gestion de la nourriture. Si vous souffrez d’un trouble alimentaire, consulter un médecin ou un(e) psychologue serait une première étape.